dimanche, avril 30, 2006

Tu ch koi ici?

ou, pour les rebelles au langage djeuns, lire, "Pourriez vous preciser votre recherche en ces lieux"

Cette question, récurrente, me prend néanmoins toujours par surprise.
Que répondre?
Je me sens aussi désarmée que si la question m’était posée à l’entrée d’un vide grenier (d’ailleurs, la comparaison entre sites de rencontres et vide grenier est certes cruelle, mais cependant assez adaptée à la situation)!
Je ne sais pas, je viens voir… je repartirai peut être avec un porte savon, un service à café ou un xbreuh à roulettes, parce que soudain, un objet m’aura plu, ou m’aura semblé utile, voire indispensable à mon bien être.
Il n’y a qu’au supermarché que je pars avec une idée précise !

J’ai décliné tous les styles de réponses pour tenter d’expliquer que je ne cherchais rien, ce qui ne m’empêchait nullement d’espérer trouver.
Visiblement, le concept dépasse la capacité d’absorption de la majorité.
Je me suis donc amusée à renvoyer la question, style «dites moi ce que, vous, vous cherchez». Et là, j’ai compris l’attente. "Ils" cherchent du concret, des porte-jarretelles, des centimètres de poitrine, des talons hauts, des performances précises, bref du concret quantifiable…

Alors depuis, je reste concrète et je réponds
«Je cherche les clefs de la camionnette»
Je sais, c’est idiot, mais il m’en faut peu pour m’amuser… et je tire des statistiques sur les insultes favorites de ces messieurs, et leurs variantes orthographiques, quand ils répondent.
Pour l’heure, le « conasse » gagne d’une courte tête sur le « pauvre conne ».

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, sans avoir retrouvé les clefs de la camionnette

vendredi, avril 28, 2006

Bjr - bsr – slt

ou les préliminaires sur les sites de rencontres

Ouvrir un dialogue par trois lettres me semble totalement aberrant, voire franchement grossier.
Certes, j’ai encore l’écho des remontrances parentales, si par mégarde un simple «bonjour» m’échappait : «on dit bonjour … qui?». Et oui, je suppose que je parle d’un temps que les moins de 20 ans etc… ce temps où la bonne éducation exigeait de dire «bonjour Monsieur» ou «bonjour Madame».
Mais admettons que taper «bonjour MameMichu» en rebute d’aucuns.
Est-ce une raison pour en plus économiser sur les phalanges, et avoir la paresse de taper toutes les lettres d’une simple salutation?

D'ailleurs, cela n’augure rien de bon pour la suite du dialogue, qui bien souvent se limite à «oui» «non» «lol» et ce point d’orgue de la communication qu’est le «ok». Cependant, parfois, il en est pour croire que ca fait jeune et moderne.

Mais voyons logiquement jusqu'où peut mener cette loi du moindre effort: si le monsieur qui entre ainsi en matière à de tels problèmes de paresse de ses petits doigts fatigués, je n’ose même pas imaginer de quels autres préliminaires bâclés il doit frustrer ses éventuelles partenaires dans l’intimité.

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en regrettant le temps où « slt » s’écrivait « je vous prie d’agréer, chère amie, l’expression de mes salutations distinguées »

jeudi, avril 27, 2006

Aniliganie

ou « j’aime les vieilles comme toi », sur les sites de rencontres…
(Aniliganie = Attirance sexuelle d'un homme pour des femmes plus âgées.)

- « coucou »

Coup d’œil à la fiche. Il a entre 20 et 30 ans de moins que moi ? Alors je sais ce qui va suivre immanquablement!

- « j’aime les femmes mures »
(Là, je fais version évoluée, des fois c'est "vieilles"... d'autres fois, plus délicat "de ton age")

Alors là, j’aimerais qu’on m’explique quelle est la quinquagénaire qui craque sur ce genre d’argument?
Bon, je ne fais pas une fixation sur mon age, d’abord, j’y peux rien, c’est comme ça, un point c’est tout, et on fait avec.
Mais est ce que personne ne pourrait se charger d’expliquer à ces béjaunes que, nonobstant, ça ne me plait pas du tout qu’on vienne me le rappeler, mon grand age?
Ne présenter d’intérêt que par le seul compteur de mes heures de vol ne me semble pas être un compliment. Fort prétentieusement, j'en conviens, je me trouve d'autres atouts.

Lassée, je réponds
- « mais je ne suis pas mûre, je suis blette, moi »

Ca m’a quand même valu un jour une réponse étrange :
- « m’en fous, j’aime bien les belettes, j’ai même un furet, alors tu vois ! »

Je n’ai pas cherché à en savoir plus, le furet était il une métaphore osée ?
Ou plus simplement, mon interlocuteur ignorait-il l’existence de l’adjectif « blet »?

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, sans avoir trouvé l’étymologie du « ganie » de aniliganie…

mercredi, avril 26, 2006

Pégase

ou la culture sur les sites de rencontres...

- « salut ça va ?»

Pane2cheville vient de me contacter avec une originalité ébouriffante.
Coup d’œil sur la fiche, qui ne m’apprend rien, sauf que le monsieur est passionné de moto.

Je vois « cheville », j’associe à « moto », et j’imagine ce pauvre motard condamné à l’immobilité pour cause de malencontreuse gamelle.
Mon petit cœur sensible saigne devant tant d’injustice.

- « salut, un problème de cheville ? »
- « non, pourquoi »
- « je croyais, à cause du pseudo »
- « c un jeux de mot »
- « ah ? »
- « t’a jamais entendue parler de celle du chevalle ? »

Je rameute mes quelques neurones encore connectés en cette heure tardive… pour réaliser que monsieur parle de la réputation du mâle attribut de la race équine.

Je ne résiste pas…
- « ah mais alors, c’est Pégase, le cheval avec deux ‘L’ ? »
et la réponse tombe
- « pauvre conne, tu regarde tro les dessins animés »

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, avec un clin d’œil à Morphée, autre personnage du même vieux dessin animé grec.

mardi, avril 25, 2006

Lucioles

ou la poésie sur les sites de rencontres...
"lucioles", c’est un des premiers pseudos qui m’a abordée.

- « salut, ca va ? »
Coup d’œil rapide à la fiche, qui hors une description physique banale de Monsieur Tout le Monde, ne mentionne qu’un laconique « tout est dans le pseudo .» .

Et voila mon imagination qui s’emballe : Les lucioles, enchanteresses des nuits d’été, l’air encore chaud qui oublie doucement la morsure du soleil, la myriade d’étoiles qui miroite dans le ciel vibrant. Calés dans des grands fauteuils de jardin, nous laissons la paix de l’instant nous envahir, et nous observons le ballet des petits insectes luminescents qui dansent au dessus des talus, en sirotant nos digestifs…

- « salut, et qu’y a-t-il donc dans le pseudo ?»
Et la réponse tombe…
- « toutes les lettres de coui**es »

Malgré tous mes efforts, je ne suis pas arrivée à retrouver le même romantisme dans l’image du ballet de petites coui**es dansant au dessus des talus… fussent-elles luminescentes.

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, avec la nostalgie des lucioles des nuits d’été…

Un blog de plus sur la toile

Et voilà, un blog de plus sur la toile, mais celui là, c’est mon mien, ce qui somme toute le rend unique ! (Ca y est, revoilà le Petit Prince , la rose, le renard ...)

« Mais d’abord, ça sert à quoi, un blog ? » a asséné la copine Françoise, qui a dû oublier Saint-Exupéry. Parce que ça doit servir à quelque chose ? Néanmoins, la question mérite réflexion.

Il y a quelques lustres, je dévorais avec un plaisir teinté d'envie les chroniques de Cosmopolitan, que j’achetais dès sa parution. Ces petits billets, signés Joelle Goron, Tina Kieffer, ou Katherine Pancol racontaient ma vie, (enfin, peut être pas seulement la mienne, restons modeste), toutes les contradictions de cette génération, partagée entre la carrière à réussir, les parents à ménager, le petit copain à trouver, à garder ou à larguer...

Trente ans plus tard, me revoilà, toujours avec les contradictions, le boulot à assumer, les parents à soutenir, les enfants à aider… et toujours le copain à trouver, à garder ou à larguer.

Mais cette fois ci, j’ai décidé de rédiger mes propres chroniques, enfin plus exactement, celles de Mâme Michu, le pseudonyme sexy derrière lequel je me suis cachée pour aller roder sur les sites de rencontres.
Voilà, c’est lâché… vi vi, je hante les sites de rencontres, qui sont aux blogs ce que la pièce montée est au Paris-Brest. Un vrai Paris-Brest, concocté par un bon pâtissier, ça vous envoie les papilles au septième ciel, ça vous ravit, c’est émouvant de sincérité (on dirait du JP Coffe, hein , là, non ?). Alors que la pièce montée, c’est tout de la frime, ça se croit obligé d’être, mais y a rien dedans… et en plus ça arrive souvent au moment où on n’a plus faim !
Pourtant, paraît que c’est la même pâte à choux ?

Bé alors, pourquoi y retourner ? C’est bien là que ça devient très pervers…

Tout d’abord, il y a le faible espoir qu’un jour, je vais enfin rencontrer des gens normaux… ou même juste un seul "gen normal" ... puisque moi j’y suis bien, ça pourrait se faire, non ? (Reste la question de fond… peut être que tout le monde se croit normal ? hein ? Ca fait peur !)
Mais surtout, aux heures grises où la pression sociale fait que le célibat devient pesant, qu’il est doux d’échanger quelques platitudes d’un ennui insondable avec quelques goujats, et de déconnecter en se disant «ouf, voilà à quoi j’échappe au quotidien»…