vendredi, mai 05, 2006

La vie est trop courte

ou «profitez en tant qu’il en reste», sur les sites de rencontres...

A chaque fois que j’entends Berbert du marché en bas s’époumoner «dépêchez-vous, y en aura pas pour tout le monde», je sais qu’il est 12 heures 30, et qu’il lui reste encore quelques salades flétries qu’il ne veut pas remballer, parce qu’elles ne passeront pas le week end. Eventuellement, il fera des lots...

Mais qui donc accepte de se considérer comme une salade flétrie, et de supplier le premier chaland qui passe?

Statistiquement, dans nos contrées privilégiées, la quinquagénaire est tout juste à l’aube du troisième tiers de sa vie.

Le premier tiers est de fait écorné, les premières années d’une existence sont généralement consacrées à toutes sortes de docilités, et à la collecte plus ou moins laborieuse des différents visas réputés indispensables. Du «mouche ton nez et dis bonjour à la dame» au «passe ton bac d’abord», le premier tiers de vie se passe à se faire juger, évaluer conforme (ou pas) au moule.

Le second tiers est celui de la lutte, de la compétition, de la course. C’est qu’il faut réussir, ma bonne dame, réussir sa vie de couple, réussir ses enfants, réussir sa vie professionnelle, faire la tarte Tatin mieux que Belle Maman, déposer à la même heure Cunégonde à son cours de danse et Childéric à sa séance de judo, et prouver au bureau que, nonobstant deux futurs cotisants à la retraite à la maison avec la varicelle, assister à une réunion à 18 heures ne pose aucun problème. Et le soir venu, elle était fraîche et rieuse ?

Le troisième tiers déroule à perte de vue ses promesses, le droit de rouler pour soi, d’être soi-même, égoïste avec délectation ou altruiste par choix...
Avoir le temps, avoir son temps, prendre son temps, et aussi, avoir le choix de le perdre si on veut musarder en route... vivre... enfin !

Et "ils" voudraient assombrir ces instants ? Que nenni, tristes rabat-joie, laissez moi les savourer!

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en se demandant à qui Bebert a fourgué ses salades...

mercredi, mai 03, 2006

Carpe diem

ou «la Madelon» sur les sites de rencontres

Un grand classique, le «carpe diem» servi à toutes les sauces.
Mais combien savent que cette expression est tirée de l’ode 1.11 d’Horace, et le contexte ? .

Nous sommes en –23 avant JC (à peu prés), et Quintus Horacus Flaccus, dit Horace, est invité à une petite bouffe en ville. Ca fait déjà un moment que notre pauvre Horace, qui va sur ses quarante ans, se languit pour la belle et jeune Chloé.
Sauf que Chloé, elle, elle préfère nettement les godelureaux de son âge, et le petit père Horace commence à la gonfler grave avec ses leçons de morale et ses avances libidineuses.
Fine mouche, la donzelle détourne la conversation sur l’astrologie (Babylonios numeros), comme ça, mine de rien, style "moi, il me reste un futur, et c’est pas ton cas, mon vieux, si tu vois ce que je veux dire"
Ce à quoi Horace, vexé comme un pou, répond élégamment
«petite tête (Leuconoe), fais pas ta bêcheuse, tout ça te dépasse (scire nefas), et sers-nous plutôt à boire (uina liques)».
Sans doute espère-t-il qu’une fois pompette, Chloé se montrera plus accommodante?
Et pour en rajouter une couche, par basse vengeance, il conclut par le menaçant et célèbre:
«carpe diem, quam minimum credula postero»
«profites-en aujourd’hui, mais on ne sait pas ce que demain reserve» (sous-entendu «c’est peut être pas moi qui crèverai en premier!»).
C’est bas, petit et mesquin, un vrai discours de frustré.

Mais après tout, c’est peut être vraiment ça qu’"ils" veulent dire ?

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en sachant qu’il fera encore beau demain ...

mardi, mai 02, 2006

h tbm

ou l’anatomie sur sites de rencontres…

«coucou, ici h tbm»
Bossant dans une multinationale, l’acronyme TBM signifie pour moi «To Be Modified», signifiant en trois lettres «c’est nul, bancal, mal dit, mal pensé, hors sujet, bref à refaire».

Une telle dose d’humilité semblant suspecte, je hasarde un «c’est à dire ?» prudent.

Et la réponse me parvient :
- «long 20,5, diam 4, rigide pour toi»
Toute la poésie d’un catalogue de plomberie (tiens, au fait j’ai besoin d’un coude PVC de 40 pour le syphon de l’évier… mais c’est une autre histoire).
Déjà, l’image mentale de la prise d’une telle mesure me réjouit. Mètre de menuisier d’une main, l’autre main étant occupée à gagner quelques millimètres ? Ou alors existe-t-il des toizazizis?

Mais en même temps, je m’interroge : Les 3 Helvètes font parvenir n’importe où, et en quelques heures, sous emballage discret, quelques joujoux dont la description est, somme toute, nettement plus flatteuse, au vu des critères indiqués. Avec en prime un taux de fiabilité qui propulserait la pile LR14 au sommet du hit parade de l’épée de plumard.

Mais qu’ont "ils" donc dans la tête, ceux qui se réduisent ainsi? (non, ne répondez pas, laissez moi encore quelques illusions!)

Chopin nous émeut-il parce que le piano compte 88 touches ? Qui s’intéresse à la qualité des pinceaux de Botticelli ? L’instrument n’a jamais créé l’art, et l’outil n’a jamais fait l’artisan.

Pourquoi certains hommes mettent-ils toujours en avant (oui, j’ose!) un outillage dont un sérieux concurrent robotisé inonde (j’ose encore!) le marché.
Quand réaliseront-ils que l’Amant montre l’Art, et occulte la technique ? («occulte», c’est fait exprès aussi, écrivez le comme vous voudrez!)

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, après avoir rajouté le coude PVC de 40 à la liste des courses…

lundi, mai 01, 2006

Pas prise de tête

ou «couche et tais toi», sur les sites de rencontre…

Mesdames, si vous vous savez «prise de tête», inscrivez vous sur un forum de développement personnel, de macramé ou d’ikebana, écoutez les conseils de M. Amont : faites de la tapisserie, de la pâtisserie, mais n’allez pas surtout…

Parce qu’"ils" vous le répètent à longueur de fiche, le refrain du «pas prise de tête».

Mais qu’est ce que cela veut dire pour eux?
Qu’est ce qui leur parait si insupportablement énervant ou exaspérant (puisque c’est la définition du Larousse) chez les femmes?
J’ai donc posé la question, naïvement.

Après sondage sur un échantillonnage représentatif, «pas prise de tête», se décline en deux nuances, schématiquement résumées par «ne nécessitant aucun effort» d’une part, et «se laissant oublier commodément» d’autre part.
Donc, si vous vous attendiez à être séduite, conquise, voire simplement comprise, oubliez au plus vite ces attentes d’un féminisme subversif. Et souvenez vous que quand Monsieur est retourné à sa vie (ou chez Madame l'Officielle) votre rôle est d’attendre en silence.

En clair, il faut être disponible, prévisible, neutre et jetable, tout comme la canette de bière que le beauf se siffle distraitement pendant le foot à la télé, au point d’en perdre le compte.

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en se remémorant les notes de miel, d’acacia et de foin de ce subtil Coteaux du Layon servi à l’apéritif.