dimanche, juin 04, 2006

sexy?

Ou le cahier des charges sur les sites de rencontres

Sexy, emprunté à l’anglais, « de nature à susciter l’intérêt ou le désir sexuel »

Là, j’ai un problème. Je ne suis pas très sure d’avoir franchement envie de susciter le désir sexuel tous azimuts. J’ose même dire qu’il m’arrive assez souvent de croiser des spécimens de l’espèce humaine avec lesquels tuer dans l’œuf le moindre intérêt n’est que charité !

D’ailleurs, il me semble que c’est un métier, aguicher pour susciter le désir sexuel sans discrimination, et je me suis laissée dire que ça serait même le plus vieux métier du monde !

Admettons alors que la vraie question serait donc «veux tu m’aguicher ?» (Ce qui suppose déjà que le monsieur ne doute pas une seconde de me plaire).

Mais encore…
Lors d’une réunion pour valider une réponse technique à un appel d’offre, le commercial l’a clairement dit « c’est pas sexy, votre truc, en tout cas, moi ça me fait pas bander !».
Etant une femme, la nature ne m’a pas pourvue de l’équipement adéquat, donc je n’ai jamais connu cette forme d’exaltation des sens à la lecture d’une réponse à un appel d’offre. Devant mon incompréhension, le commercial a expliqué « ben trichez, quoi, on se débrouillera après pour leur faire gober les avenants ».

Que voila un nouvel éclairage ! Ainsi donc être sexy, c’est tricher sur la marchandise, pour ensuite fourguer la vérité au gogo bien ferré ?

Décidément, « ils » sont bien étranges dans leurs demandes…


... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en se demandant ce que sont devenues les notions de charme et de séduction...

vendredi, mai 05, 2006

La vie est trop courte

ou «profitez en tant qu’il en reste», sur les sites de rencontres...

A chaque fois que j’entends Berbert du marché en bas s’époumoner «dépêchez-vous, y en aura pas pour tout le monde», je sais qu’il est 12 heures 30, et qu’il lui reste encore quelques salades flétries qu’il ne veut pas remballer, parce qu’elles ne passeront pas le week end. Eventuellement, il fera des lots...

Mais qui donc accepte de se considérer comme une salade flétrie, et de supplier le premier chaland qui passe?

Statistiquement, dans nos contrées privilégiées, la quinquagénaire est tout juste à l’aube du troisième tiers de sa vie.

Le premier tiers est de fait écorné, les premières années d’une existence sont généralement consacrées à toutes sortes de docilités, et à la collecte plus ou moins laborieuse des différents visas réputés indispensables. Du «mouche ton nez et dis bonjour à la dame» au «passe ton bac d’abord», le premier tiers de vie se passe à se faire juger, évaluer conforme (ou pas) au moule.

Le second tiers est celui de la lutte, de la compétition, de la course. C’est qu’il faut réussir, ma bonne dame, réussir sa vie de couple, réussir ses enfants, réussir sa vie professionnelle, faire la tarte Tatin mieux que Belle Maman, déposer à la même heure Cunégonde à son cours de danse et Childéric à sa séance de judo, et prouver au bureau que, nonobstant deux futurs cotisants à la retraite à la maison avec la varicelle, assister à une réunion à 18 heures ne pose aucun problème. Et le soir venu, elle était fraîche et rieuse ?

Le troisième tiers déroule à perte de vue ses promesses, le droit de rouler pour soi, d’être soi-même, égoïste avec délectation ou altruiste par choix...
Avoir le temps, avoir son temps, prendre son temps, et aussi, avoir le choix de le perdre si on veut musarder en route... vivre... enfin !

Et "ils" voudraient assombrir ces instants ? Que nenni, tristes rabat-joie, laissez moi les savourer!

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en se demandant à qui Bebert a fourgué ses salades...

mercredi, mai 03, 2006

Carpe diem

ou «la Madelon» sur les sites de rencontres

Un grand classique, le «carpe diem» servi à toutes les sauces.
Mais combien savent que cette expression est tirée de l’ode 1.11 d’Horace, et le contexte ? .

Nous sommes en –23 avant JC (à peu prés), et Quintus Horacus Flaccus, dit Horace, est invité à une petite bouffe en ville. Ca fait déjà un moment que notre pauvre Horace, qui va sur ses quarante ans, se languit pour la belle et jeune Chloé.
Sauf que Chloé, elle, elle préfère nettement les godelureaux de son âge, et le petit père Horace commence à la gonfler grave avec ses leçons de morale et ses avances libidineuses.
Fine mouche, la donzelle détourne la conversation sur l’astrologie (Babylonios numeros), comme ça, mine de rien, style "moi, il me reste un futur, et c’est pas ton cas, mon vieux, si tu vois ce que je veux dire"
Ce à quoi Horace, vexé comme un pou, répond élégamment
«petite tête (Leuconoe), fais pas ta bêcheuse, tout ça te dépasse (scire nefas), et sers-nous plutôt à boire (uina liques)».
Sans doute espère-t-il qu’une fois pompette, Chloé se montrera plus accommodante?
Et pour en rajouter une couche, par basse vengeance, il conclut par le menaçant et célèbre:
«carpe diem, quam minimum credula postero»
«profites-en aujourd’hui, mais on ne sait pas ce que demain reserve» (sous-entendu «c’est peut être pas moi qui crèverai en premier!»).
C’est bas, petit et mesquin, un vrai discours de frustré.

Mais après tout, c’est peut être vraiment ça qu’"ils" veulent dire ?

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en sachant qu’il fera encore beau demain ...

mardi, mai 02, 2006

h tbm

ou l’anatomie sur sites de rencontres…

«coucou, ici h tbm»
Bossant dans une multinationale, l’acronyme TBM signifie pour moi «To Be Modified», signifiant en trois lettres «c’est nul, bancal, mal dit, mal pensé, hors sujet, bref à refaire».

Une telle dose d’humilité semblant suspecte, je hasarde un «c’est à dire ?» prudent.

Et la réponse me parvient :
- «long 20,5, diam 4, rigide pour toi»
Toute la poésie d’un catalogue de plomberie (tiens, au fait j’ai besoin d’un coude PVC de 40 pour le syphon de l’évier… mais c’est une autre histoire).
Déjà, l’image mentale de la prise d’une telle mesure me réjouit. Mètre de menuisier d’une main, l’autre main étant occupée à gagner quelques millimètres ? Ou alors existe-t-il des toizazizis?

Mais en même temps, je m’interroge : Les 3 Helvètes font parvenir n’importe où, et en quelques heures, sous emballage discret, quelques joujoux dont la description est, somme toute, nettement plus flatteuse, au vu des critères indiqués. Avec en prime un taux de fiabilité qui propulserait la pile LR14 au sommet du hit parade de l’épée de plumard.

Mais qu’ont "ils" donc dans la tête, ceux qui se réduisent ainsi? (non, ne répondez pas, laissez moi encore quelques illusions!)

Chopin nous émeut-il parce que le piano compte 88 touches ? Qui s’intéresse à la qualité des pinceaux de Botticelli ? L’instrument n’a jamais créé l’art, et l’outil n’a jamais fait l’artisan.

Pourquoi certains hommes mettent-ils toujours en avant (oui, j’ose!) un outillage dont un sérieux concurrent robotisé inonde (j’ose encore!) le marché.
Quand réaliseront-ils que l’Amant montre l’Art, et occulte la technique ? («occulte», c’est fait exprès aussi, écrivez le comme vous voudrez!)

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, après avoir rajouté le coude PVC de 40 à la liste des courses…

lundi, mai 01, 2006

Pas prise de tête

ou «couche et tais toi», sur les sites de rencontre…

Mesdames, si vous vous savez «prise de tête», inscrivez vous sur un forum de développement personnel, de macramé ou d’ikebana, écoutez les conseils de M. Amont : faites de la tapisserie, de la pâtisserie, mais n’allez pas surtout…

Parce qu’"ils" vous le répètent à longueur de fiche, le refrain du «pas prise de tête».

Mais qu’est ce que cela veut dire pour eux?
Qu’est ce qui leur parait si insupportablement énervant ou exaspérant (puisque c’est la définition du Larousse) chez les femmes?
J’ai donc posé la question, naïvement.

Après sondage sur un échantillonnage représentatif, «pas prise de tête», se décline en deux nuances, schématiquement résumées par «ne nécessitant aucun effort» d’une part, et «se laissant oublier commodément» d’autre part.
Donc, si vous vous attendiez à être séduite, conquise, voire simplement comprise, oubliez au plus vite ces attentes d’un féminisme subversif. Et souvenez vous que quand Monsieur est retourné à sa vie (ou chez Madame l'Officielle) votre rôle est d’attendre en silence.

En clair, il faut être disponible, prévisible, neutre et jetable, tout comme la canette de bière que le beauf se siffle distraitement pendant le foot à la télé, au point d’en perdre le compte.

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en se remémorant les notes de miel, d’acacia et de foin de ce subtil Coteaux du Layon servi à l’apéritif.

dimanche, avril 30, 2006

Tu ch koi ici?

ou, pour les rebelles au langage djeuns, lire, "Pourriez vous preciser votre recherche en ces lieux"

Cette question, récurrente, me prend néanmoins toujours par surprise.
Que répondre?
Je me sens aussi désarmée que si la question m’était posée à l’entrée d’un vide grenier (d’ailleurs, la comparaison entre sites de rencontres et vide grenier est certes cruelle, mais cependant assez adaptée à la situation)!
Je ne sais pas, je viens voir… je repartirai peut être avec un porte savon, un service à café ou un xbreuh à roulettes, parce que soudain, un objet m’aura plu, ou m’aura semblé utile, voire indispensable à mon bien être.
Il n’y a qu’au supermarché que je pars avec une idée précise !

J’ai décliné tous les styles de réponses pour tenter d’expliquer que je ne cherchais rien, ce qui ne m’empêchait nullement d’espérer trouver.
Visiblement, le concept dépasse la capacité d’absorption de la majorité.
Je me suis donc amusée à renvoyer la question, style «dites moi ce que, vous, vous cherchez». Et là, j’ai compris l’attente. "Ils" cherchent du concret, des porte-jarretelles, des centimètres de poitrine, des talons hauts, des performances précises, bref du concret quantifiable…

Alors depuis, je reste concrète et je réponds
«Je cherche les clefs de la camionnette»
Je sais, c’est idiot, mais il m’en faut peu pour m’amuser… et je tire des statistiques sur les insultes favorites de ces messieurs, et leurs variantes orthographiques, quand ils répondent.
Pour l’heure, le « conasse » gagne d’une courte tête sur le « pauvre conne ».

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, sans avoir retrouvé les clefs de la camionnette

vendredi, avril 28, 2006

Bjr - bsr – slt

ou les préliminaires sur les sites de rencontres

Ouvrir un dialogue par trois lettres me semble totalement aberrant, voire franchement grossier.
Certes, j’ai encore l’écho des remontrances parentales, si par mégarde un simple «bonjour» m’échappait : «on dit bonjour … qui?». Et oui, je suppose que je parle d’un temps que les moins de 20 ans etc… ce temps où la bonne éducation exigeait de dire «bonjour Monsieur» ou «bonjour Madame».
Mais admettons que taper «bonjour MameMichu» en rebute d’aucuns.
Est-ce une raison pour en plus économiser sur les phalanges, et avoir la paresse de taper toutes les lettres d’une simple salutation?

D'ailleurs, cela n’augure rien de bon pour la suite du dialogue, qui bien souvent se limite à «oui» «non» «lol» et ce point d’orgue de la communication qu’est le «ok». Cependant, parfois, il en est pour croire que ca fait jeune et moderne.

Mais voyons logiquement jusqu'où peut mener cette loi du moindre effort: si le monsieur qui entre ainsi en matière à de tels problèmes de paresse de ses petits doigts fatigués, je n’ose même pas imaginer de quels autres préliminaires bâclés il doit frustrer ses éventuelles partenaires dans l’intimité.

... et Mâme Michu de se lover douillettement seule sous sa couette, en regrettant le temps où « slt » s’écrivait « je vous prie d’agréer, chère amie, l’expression de mes salutations distinguées »